Nubbo innove en devenant le premier incubateur à mission de France

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ToulÉco

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L’incubateur et accélérateur de start-up Nubbo s’est emparé des critères des sociétés à mission, devenant ainsi le premier du genre en France. L’association régionale entend « montrer l’exemple » aux jeunes pousses qu’elle accompagne, encore peu mobilisées sur les questions de RSE. Thierry Merquiol, en charge des levées des fonds chez Nubbo et à l’origine de cette initiative, revient sur cette démarche innovante de l’incubateur.

Pourquoi cette démarche initiée par Nubbo ?
Le statut de société à mission défini par la loi Pacte de 2019 a permis aux entreprises d’afficher leur haut niveau d’engagement en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Il n’existait pas pour les associations mais nous avons décidé de nous en emparer pour souligner et réaffirmer nos engagements sociaux et environnementaux. Nous avons amorcé cette démarche il y a un an et nous l’avons officialisée le 19 mai dernier lors de notre assemblée générale, faisant de Nubbo le premier incubateur à mission français.

Qu’est-ce que cela implique pour l’incubateur ?
Nous avons modifié nos statuts pour y inscrire notre raison d’être, nos objectifs en matière sociale et environnementale et les modalités de suivi permettant de montrer que ces objectifs sont tenus. Dans les vingt-quatre mois, puis tous les deux ans, un organisme tiers indépendant va venir contrôler que nos statuts sont bien mis en musique. Et en interne, nous avons créé un comité de mission de quatre membres qui va se charger de vérifier que la mission affichée est bien appliquée. Il se réunira tous les trois mois et rendra son rapport lors de l’assemblée générale annuelle.

Plus concrètement, quels sont vos objectifs ?
Pour devenir une structure responsable, nous allons faire en sorte que 50 % des start-up incubées deviennent, d’ici à fin 2023, des sociétés à mission ou aillent vers une certification ou une labellisation. Dans la jungle de la RSE, la société à mission est un premier pas qui apporte de la visibilité, le plus facile à mettre en place et le moins contraignant en interne.

Et vos moyens d’action ?
Nous sommes en train d’élaborer des outils d’accompagnement pour les start-up, de préparer des ateliers opérationnels pour les sensibiliser aux questions de RSE, les aider à mettre en œuvre leur stratégie en répondant à des thématiques précises. Comment établir son bilan carbone ? Comment travailler sur l’échelle des salaires ? Comment recruter pour atteindre un effectif de 50 % de femmes et 50 % d’hommes ? Nous pouvons aussi les accompagner dans leur démarche pour obtenir la certification « Be Corp », label international de référence qui est un peu la Rolls Royce en matière de RSE. Pour encourager les entreprises à mettre en place une stratégie précoce et efficace, nous avons décidé d’être nous-mêmes exemplaires et de rendre lisibles nos engagements sociaux et environnementaux, y compris vis-à-vis de notre environnement régional et de nos partenaires, en les incitant à adopter eux aussi une stratégie RSE.

Les jeunes pousses sont-elles volontaires en matière de RSE ?
Nous avons pu observer que les start-up étaient peu sensibilisées sur ces questions. Elles ne se préoccupent de leur stratégie RSE que lorsque son absence pose problème. Sur les vingt-cinq entreprises que nous accompagnons au sein de Nubbo, trois ont le statut de société à mission, dont Alvina, dans le Lot, qui a décidé de faire revivre une source d’eau médicinale naturelle connue depuis l’Antiquité pour ses bienfaits. Les autres n’ont mis en place aucune stratégie RSE. Les créateurs témoignent d’une certaine conscience sur le plan personnel mais cela ne se traduit pas dans leur activité professionnelle.

Au sein d’Ocseed, la société de capital-risque créée en 2020 par Nubbo à destination des start-up innovantes d’Occitanie en phase d’amorçage et de pré-amorçage, nous avons fait le même constat. Sur les seize jeunes pousses dans lesquelles nous avons investi, une seule a intégré une démarche RSE. Nous travaillons autour de cet axe-là, c’est nouveau pour nous mais, pour les entreprises, c’est devenu indispensable. Elles s’en rendent compte à des moments critiques de leur développement.

Pour le recrutement tout d’abord. Les jeunes diplômés, de plus en plus en recherche de sens, ne viennent pas dans des entreprises qui ne se sont pas engagées en matière de RSE. De la même façon, les fonds se dotent maintenant tous d’une stratégie ESG [1] et n’investissent que dans des entreprises qui affichent leur volonté d’être responsables, statuts à l’appui. Sans cela, ils n’ouvrent pas les dossiers. L’attribution des subventions et aides publiques intègre aussi de plus en plus cette dimension.
Propos recueillis par Johanna Decorse

Sur la photo : Thierry Merquiol, en charge des levées de fonds chez Nubbo et directeur général de la société de capital-risque Ocseed. – Crédit : Rémy Gabalda-ToulÉco.

Notes

[1] Critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernances évaluant le caractère durable d’un investissement